Un complot, chacun le sait, trouve toujours son origine dans un sentiment d’injustice. En ce qui concerne le complot objet de ces quelques lignes, c’est presque le contraire : le père Jean-François va temporairement quitter le diocèse de Vannes pour aller user de ses grands talents pédagogiques auprès des jeunes séminaristes français qui étudient à Rome. Il faut dire que nombreux sont les jeunes morbihannais appelés par Notre Seigneur qui se rendent à Rome pour y parfaire leurs études. Les mérites de notre pasteur étant reconnus par cette mutation temporaire et élogieuse, il reste néanmoins notre aumônier et viendra désormais en Morbihan rien que pour nous !
Mais alors, pourquoi un complot ? Car non content de nous quitter, il fête ses jours-ci le demi-siècle de sa naissance à Saint Caradec, qu’il nous fit visiter le 1er juin. Et ce jour-là, précisément, inspiré par je ne sais quel souffle venu de la mer, comme saint Ronan sur les traces duquel nous avions roulé toute la journée, les plus enthousiastes d’entre nous, Romain, Cathy et Charles plus particulièrement ont mit au point une fête d’anniversaire surprise pour témoigner de notre affection au père Jeff.
Dès le 2 juin, les réseaux s’agitent et les mails s’échangent : le titre du premier : « Chuuuut » en dit finalement assez long sur l’ambiance. Le vrai problème, c’est que le père Jeff a des amis et de supporters aux quatre coins de la France et que rester discret avec autant de comploteurs relève de la gageure.
Rien n’arrête des comploteurs avisés et le team se met en marche de manière discrète et efficace pour alerter, prévoir, organiser la soirée qui par ailleurs coïncide avec un stage de piste à Coët, rendant l’activité à Porcaro plausible sans éveiller l’attention de la victime ! Les plus jeunes se donnent à fond pour régler les détails de l’organisation et une réunion de calage est prévue à Porcaro le jeudi précédent la fête.
La veille, nous apprenons que le père reçoit des journalistes à Porcaro ce jour là. Il nous faut un plan B ! Généreusement, Dominique et Jean de Marcellus, amis de toujours de la Madone proposent que leur joli château nous serve de lieu de réunion. Comme de vrais Chouans, nous nous retrouvons à l’heure dite devant le manoir de Porcaro, cachant les motos dans les granges pour ne pas éveiller l’attention.
Dans une magnifique salle à manger décorée de têtes de cerfs, les idées fusent et les rôles se dessinent. Les chants écrits par Charles et par Domix sont répétés avec ferveur. Et dans la nuit bretonne, le plan s’affine.
Le jour même, ultime réunion à 10H00 du matin. Denier avatar, le père doit venir à 17H00 bénir une remise de plaque à la mémoire d’une amie de la Madone disparue récemment. Il faudra tartiner les toasts en vitesse ou dans le noir car il est prévu de fermer la grange s’il arrive !
Mais tout se passe bien et à 19H30, après la messe anticipée où l’assistance est à peine un peu plus nombreuse que d’habitude, le père est tout heureux d’inviter les motards présents à « boire un verre au presbytère avec les stagiaires ! »
Une centaine de personne, entassées dans la grange, attend en silence. Il y là ses parents, son frère, ses neveux, ses cousins, ses amis… Il arrive, la porte s’ouvre, nous chantons à plein poumon. Que la fête commence !
(Ronan)
Merci à Romain et Cathy pour leur investissement personnel, bravo au team pour le montage spontané du complot, et toute notre respectueuse affection à Dominique et Jean de Marcellus pour leur indéfectible et précieux soutien.