Le temps de l’Avent et les fêtes de Noël nous invitent à contempler une caractéristique chrétienne de la sainteté : sa modestie ! Cela peut paraître étonnant, mais sans le mystère de l’Incarnation, sans ce mouvement descendant du Verbe de Dieu, le Très Haut qui se fait le Très Bas, toute forme d’élévation de l’âme vers Dieu, et la sainteté qui va avec, serait une ascension et une séparation des choses – et des êtres- de ce monde pour s’approcher de la Divinité. Il y a des vertus qui, sans le vouloir, mettent de la distance entre elles et les gens : « un certain air de sainteté, c’est comme un certain air de hauteur »…. Mais en se faisant homme, Dieu met, en quelque sorte, la sainteté à porté de main, il l’insère dans le quotidien, quitte à passer à côté sans la regarder ! Combien de fois, comme curé de différentes paroisses, n’ais-je pas été témoin de la vie de Saintes personnes qui pourtant, passaient tellement inaperçues aux yeux de leur propre entourage ! Pas une paroisse qui ne «cache » ainsi une sainteté extraordinaire dans l’ordinaire de nos jours. Comme Jésus à Nazareth. Comme Marie… « Plus élevée qu’aucune autre créature, et plus modeste que personne. Sa grandeur ne lui donne pas le vertige et elle ne l’éloigne pas de nous » (P.Valensin) ! Elle devait être très abordable, Marie, comme elle le demeure dans la vie de l’Eglise. Ce n’est pas pour rien que beaucoup passent encore par elle plutôt que d’aborder directement le Seigneur. Sa Sainteté n’éloigne pas, elle attire. On devait rechercher sa compagnie, autour du puits ou sur la place du marché… « On sentait, on devinait qu’en elle il y avait quelque chose par quoi elle se distinguait de toutes les femmes d’Israël, mais on était embarrassé de dire quoi. Marie avait l’art de s’effacer » (idem). Rien d’étonnant : on fait parade quand on veut obtenir l’estime des autres tandis que Marie savait en quelle estime elle était auprès de Dieu, quel cas pouvait-elle faire de l’estime des hommes ? « Réjouis-toi, Comblée de Grâce, Le Seigneur est avec toi….tu es bénie entre toutes les femmes »…. On comprend qu’elle en soit toute « Bouleversée » ! Sa grandeur même explique sa modestie. Seul celui qui a approché le Saint, peut vivre l’humilité véritable. C’est un des secrets de Marie, « Humble Servante du Seigneur », et peut devenir notre propre secret. Il s’agit de définir notre style de vie, ce qui fut qualifié avec le bx pape Jean XXIII de « bonnomie Catholique » : ne pas vivre dans l’inquiétude, ne pas se préoccuper de l’estime des autres, mais seulement penser à l’estime de Dieu qui nous « a élu depuis toute éternité pour être saints et immaculés en sa présence dans l’Amour » (EPh. 1) et vivre les exigences et la grandeur de notre vocation baptismale, avec modestie, simplicité, et proximité avec tous, car c’est comme tous, et pour tous, que Dieu, « le Seul Saint », s’est fait homme.
Sainte Année 2012, à l’école de Marie, Notre Dame des Motards!
Père Jean-François Audrain