Si le temps s’est un peu rafraichi en ce 14 août 2018, les perspectives météo sont de nature à encourager les motards venus de partout. Et l’affluence ne manque pas. Dès 14h00, les motos se pressent à l’entrée du village de toiles. Tout est prêt. Depuis des jours, les bénévoles ont aligné les barrières, monté les sanitaires, jalonné les passages. Les ambulants sont arrivés et, autour du clocher de Porcaro, convergent les pèlerins venus de partout.
Au presbytère on s’active. Une vraie fourmilière qui abrite en son sein et les bénévoles de l’aumônerie, nombreux et dévoués pour la bonne marche des cérémonies religieuses, et les équipes du Team de la Madone qui se préparent à encadrer la fameuse balade des motards.
17h00, au cœur du village qui s’agite de plus en plus, les cloches de la petite église appellent tous les participants à diriger leurs pas vers le petit édifice auprès duquel se trouve l’oratoire de la Madone. Très vite, l’église se remplit, et au son de l’orgue, entre une procession composée de servants, de plusieurs diacres, prêtres, et d’un évêque. C’est Monseigneur Gobillard, évêque auxiliaire de Lyon qui, bien que motard depuis longtemps, effectue cette année son premier pèlerinage à Porcaro.
Vêtu de violet, il entonne les vêpres durant lesquelles on entendra s’égrener lentement les noms de motards défunts qui nous sont confiés depuis le dernier pardon. A partir du texte de Marthe et Marie rencontrant Jésus et lui adressant ces mots « Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort », l’évêque invite à l’acte de foi. Trouver Jésus dans notre vie : ne pas lui reprocher son absence comme on peut être tentés de le faire, mais ouvrir les yeux sur Sa présence afin d’être habités de son Espérance. L’église comble écoute, attentive, avant d’entrer dans ce profond moment de recueillement où des noms connus ou inconnus, des âges divers, viennent frapper le silence tandis que pour chacun une flamme est allumée. « Souviens-toi »…
A l’oratoire, peu après cette belle cérémonie, seront déposées encore des plaques mémoriales, dont l’une, notamment pour le Major Philippe Hervé, gendarme décédé en exercice dans le Morbihan au début du mois de mai.
Le soir, à 21h30, c’est une foule nombreuse qui est assemblée à la grotte, dans le bas du village. Flambeaux à la main, les fidèles se préparent à vivre la grande procession qui nous fait nous mettre à l’école de Marie. Comme l’introduit le Père Antoine, il s’agit, comme la Vierge, de savoir rendre grâce, intercéder, et progresser dans la charité fraternelle. Les dizaines du chapelet sont ponctuées de méditations offertes par Mgr Gobillard. Malheureusement, une défaillance de la sono permet trop peu aux fidèles d’en profiter : il faudra remonter jusqu’à l’église pour saisir les bribes des deux derniers mystères, et entendre l’invitation à porter dans notre prière les plus pauvres, les plus fragiles, afin qu’ils entrent dans la joie du ciel, par Marie. En arrière-fond, le bruit de ruptures s’est un peu calmé, mais cette nuisance venue du village de toile tout proche aura fortement perturbé le déroulement de cette prière…
Le lendemain, dès 7h00, les bénévoles de l’aumônerie sont à pied d’œuvre pour mettre en place l’autel sur le camion-podium qui offre une grande surface à la célébration de la messe. A 8h00, le groupe de musiciens arrive, toujours plein d’entrain et prêt à rendre service depuis trois ans. Leur musique et leurs chants ont porté notre prière, et nous les remercions. La qualité de leur musique permet vraiment de rassembler les motards dans la célébration de la messe.
10h00 : la procession début et entre sur le terrain de la messe. Elle traverse les camions des ambulants, croise des visages encore mal réveillés, et rejoint une foule de fidèles massée le long des barrières. En arrière fond, la marée de motos se disposant pour la bénédiction devient de plus en plus dense…
Trois diacres, cinq prêtres, un évêque et une flopée d’enfants de chœur vont officier pendant une heure et quart afin de célébrer l’Assomption de la Vierge Marie. Dans son homélie, Mgr Gobillard invite à la foi. Une foi renouvelée qui se laisse saisir par le Seigneur, avec une certaine audace. A la fin de la messe, pointant les nuisances occasionnées par des participants bruyants, l’évêque fait aussi remarquer que ceux qui perturbent les cérémonies religieuses n’ont pas leur place à la Madone. Ce n’est pas l’esprit de cette manifestation, qui se veut sur le modèle du pardon breton, c’est-à-dire dans l’alternance de moments de recueillement et de moments festifs.
Après cela, commencera la bénédiction des motards. Elle durera longtemps, avec le regret de ceux qui ont trop attendu de ne pouvoir faire bénir leurs machines ; il faudra qu’on soit mieux organisés dans les années à venir.
Puis, dès 14h00, sur un parcours de 67 kilomètres, un long chapelet de motos va défiler pendant plus de trois heures. Les milliers de motards, précédés par une superbe Chevrolet Camaro jaune dans laquelle est monté le P Antoine, incapable de faire de la moto après son récent accident mais bien présent pour ces deux jours, suivent leur chef de file : l’évêque auxiliaire de Lyon, chevauchant une MT-09 prêtée par Le Bail SARL Auto-Moto de Pontivy (Merci). Ses jantes jaunes fluo sont du meilleur effet.
Malgré un accident à la Chapelle Gaceline, la balade se déroule bien. Elle convoie des milliers de motards - peut-être jusqu’à 10000 !- et est accueillie par la commune de Beignon qui a mobilisé une centaine de bénévoles et remarquablement organisé les parkings.
C’est le point d’orgue d’une 40ème édition de la Madone, qui se joue dans cette petite commune.
Nous remercions les centaines de bénévoles, les associations organisatrices, en espérant que cette nouvelle édition ait permis aux motards nombreux de mieux se lier à la Madone, et de se mettre de toute leur foi sous sa protection !